Les filles du baby-boom ont 50 ans


Les filles du baby boom ont 50 ans et…. (ouvrage co écrit en 2000)
Régine Lemoine et Elisabeth Weismann

R.Lemoine est pdg d’une société d’études, et E. Weisman, journaliste ; elles sont les premières à parler clairement des stigmates physiques et psychologiques de l’âge. Ce livre se nourrit des réflexions de femmes, porte un regard détaché sur celui de la société vis-à-vis d’elles, et surtout met en avant le message d’espoir que les babyboomeuses véhiculent.
Ces cinquantenaires inédites, pourtant encore jeunes et à l’aube de cet âge « entre chien et loup », ont une séduction déclinante et l’irrésistible sentiment qu’il reste pourtant de belles années à vivre et une vie à inventer avant le classement du coté des « vieux ».
Besoin d’être rassurée ? Que nenni, juste un hameçon lancé pour ramener du poisson.

Selon le cabinet Risc, la femme française est la plus universelle, celle qui incarne toutes les valeurs féminines ; elle est en outre celle qui a été le plus sollicitée par la mouvance des années 68-70
De plus ces femmes ont une conscience développée de leur image.
Alors lorsque les 50 ans approchent, les illusions aussi s’effondrent …,« Tu vois Cathy, on ne nous klaxonne plus »,  tous les possibles,  ceux que Dame Nature avait fournis en les faisant naitre femme ; le volet désolant , et parallèlement le volet rassurant lié à la prise en main de son destin, car selon ses femmes, chaque vie est un chef d’œuvre  à condition qu’on revendique une emprise sur son cours…  puissance de l’esprit, et lucidité vis-à-vis de soi même .

A  la fin de la guerre : le baby boom est tel qu’un nuage de sauterelles, une génération vorace et spontanée, miraculée, conçue à la fin des peurs, élevée dans l’idée que ca allait durer et régner pour une sorte d’éternité
A la fin de la guerre, les mères sont libérées des corvées, les loisirs …l’éducation devient permissive, et les points d’ancrage portent sur le travail et sur le sexe. ... » les garçons on n’en parlait pas car ils étaient une menace potentielle… elle est restée marquée par l’angoisse du bébé ».


Un court flash back réalisé par les auteures
De 60 à 68, l’oppression règne encore : construction du mur de Berlin, coup d’état à Saigon, assassinat de JFK, 66 révolution prolétarienne par Mao, guerre des 6 jours en Israël, dictature des colonels en Grèce, 68 écrasement du printemps de Prague.
On revient de loin, du fond du moyen-âge, où les filles n’avaient pas le droit de porter le pantalon.
Et au final; en 1965 Jean Foyer : défenseur de la loi d’émancipation des femmes  c’est le partage des droits ; « elles ont désormais du pouvoir sur leur écuelle ».
En 1967 Loi Neuwirth : « on fait entrer le diable dans les foyers » car avec la contraception l’homme ne peut plus « la tenir » avec les enfants.
Et arrive le temps du NON à l’homme tout puissant, du NON aux enfants non désirés, du NON à la vie de femme au foyer, vient Mai 68 période où toutes ont été marquées, et, plus que tout l'urgence de fuir la province étriquée .
Il reste une image forte, comme il en faut pour symboliser le changement ; le plaisir par opposition au devoir, la révolte et l’indépendance par opposition à la soumission. La jeunesse des idées éclate à la face du monde : tout est possible, y compris ce qui n’existe pas ; l’insolence, l’imagination, » il est interdit d’interdire ».
Le principe de plaisir, 68 est une génération arrogante, refus de l’héritage, et elle a prôné l’expérience personnelle comme source de toute valeur : la jeunesse est une valeur, fondation aux terribles conséquences lorsque cette génération se trouve aux prises avec son vieillissement
Et dans « le reste du monde «  les éléments de pression se relâchent, lorsque les femmes se « décolonisent »
En 1971 : manifeste des 343 salopes, l’avocate Gisèle Halimi obtient l’acquittement d’une jeune femme avortée après un viol 
En  1975 Loi Veil et entrée des femmes à Polytechnique,  HEC, etc…

Car l’implicite, telle mère, telle fille n’a pas fonctionné : E. Weisman relève que « on n’a pas fait ce pour quoi on était programmé ». Il est vrai que notre génération a été privilégiée, jamais dans l’histoire autant de modifications ont été favorables à un genre, selon un scénario de rupture avec celui des mères
Les femmes existent autrement qu’en tant que épouse, mère, ou mère ratée. Elles ont saisi leur chance et incarné une nouvelle figure féminine, ont substitué un couple égalitaire à la dominante masculine, en conséquence elles arrivent à 50 ans avec une véritable identité.
Pour celles qui ont vécu cette période, il demeure un sentiment de toute puissance entretenant  l’illusion que, par la suite de « bien » est arrivé « grâce à mai 68 », cela engendre une appartenance générationnelle très forte
Les auteures soulignent les volets de liberté, d’anticonformisme, du toujours possible.. toujours en train de remettre en cause l’ordre établi, capacité à s’indigner, à ne pas supporter l’autoritarisme, gout du plaisir.. . et ce faisant les 50-55 ans veulent tout et tout de suite, tous les plaisirs que la vie offre
Elles ont envie de faire la fête,  et disposent de la capacité à rendre belle toute nouvelle étape (ndlr, je m’y emploie).

Les femmes ont appris à vivre en « sujet » de leur vie, tout en sachant qu’il faut négocier avec elle (pas de toute puissance). Et c’est bien ainsi car il faut négocier avec plus fort que soi : le temps ; en effet à 50 ans elles se sentent encore jeunes dans un corps qui les lâchent et dans une société qui les larguent.
Cependant élevées au lait de la lucidité, elles décrivent les méfaits avec humour parfois cynisme, manière de conjurer le sort en le mettant à distance ; elles ont cru à la jeunesse éternelle et maintenant elles ne voient plus qu’avec des lunettes (à l’exception, pour séduire, d’un Paris à Bruxelles avec le Monde car il offre l’avantage d’avoir  des gros titres).

Cet exposé n’a pas pour objet de créer le désespoir dit l’auteur, simplement de provoquer cette distance indispensable à l’acceptation. « quand la fatigue me tombe dessus, je ne peux rien faire sauf au prix d’efforts gigantesques – je pense tout bas « je dois avoir au moins un cancer généralisé « et cela déclenche une sorte de honte d’avoir été rattrapée par mon corps…(où n’ai-je pas été assez vigilante ?)
Alors que la plupart des femmes grimpent les escaliers, nagent se relaxent… babyboomeuse oblige
« Je prépare mon avenir de petite vieille bien propre »…disent-elles en souriant.

Dans une société de type machiste les amantes et les mères sont préservées, ensuite tout se gâte.
Certaines d’entre elles pensent « J’ai perdu ma beauté, je ne savais pas que j’étais belle, je le sais maintenant, c’était mon passeport, ma carte de visite » ; la question cruciale est bien celle d’un effondrement narcissique.
En conséquence il est patent que le challenge consiste à se débarrasser des avatars de la séduction et à les troquer contre un regard de réassurance, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne car sans regard pas de vie ; on sait que les sdf en meurent.


Ce challenge est présent car la cinquantaine est un moment de négociation avec soi même, ça suppose d’être bien structurée, et la seule solution consiste à trouver en soi cette réassurance, cf Claude Habib « pouvoir se confier à des femmes et se définir entre femmes, hors de la tutelle et de la censure qu’exerce le regard masculin ».
Les femmes de la cinquantaine ont une double obligation de conformité, rester minces et belles et surtout rester jeunes..car il y a là une quasi injonction démographique,  cela est concrétisé par la presse, féminine ou non ; entre la presse des 30/35 ans et la presse sénior il n’existe rien.
De ce décalage entre une représentation individuelle et le reflet de la société, il y a  un énorme malentendu, d’où nait le sentiment d’appartenir à un drôle d’âge, entre deux… (et en plus ces femmes ne se présentent pas vieillissantes)

En route vers le remaniement
Les Babyboomeuses  sont contraintes d’opérer les transformations nécessaires, ces combattantes sont dans la résistance lucide et active utilisant tout ce qui est à leur portée pour juguler (et apprivoiser) les effets du temps.
« J’accomplis mon devoir de « beauté-jeunesse », elles souhaitent faire ce qu’il faut pour être dans la course, car à l’inverse si elles relâchent le corps elles craignent de se relâcher en totalité (alors que ce n’est pas la loi de cette génération).
En conclusion, c’est bien en identifiant le malaise qu’on peut le vaincre, le dépasser et parvenir à s’accepter
Cette démarche intellectuelle ou intra-psychique est encore une spécificité des babyboomeuses…sortir grandie, et apaisée de l’épreuve
Elles répètent :
« J’ai fait des études, des enfants, un couple, une carrière, voilà que ayant le sentiment du devoir accompli, il me reste un travail énorme : partir à la découverte et à l’apprentissage de moi-même »
« Je vais patiemment, voluptueusement m’expérimenter, me regarder faire, m’écouter penser »,…
« Les aléas de la vie sont autant d’occasions de comprendre comment je fonctionne et comment les autres fonctionnent face aux difficultés…. Je suis à la fin de quelque chose et au début d’autre chose, de l’âge mur, de la sagesse, ça m’intéresse de vivre cela. .. une jouissance de la conscience de la connaissance de soi…la force de la jeunesse a laissé place à celle de l’expérience, de la connaissance du monde et des arcanes de l’âme humaine (sacrée puissance que celle là) »
« Entrer dans l’âge d’être, être dans son désir, disponible à l’écoute de soi, auprès de ses désirs et de ses émotions, une vraie force intérieure qui vous révèle à vous-même et aux autres »
«  Disposer de grandes plages de solitudes et de liberté… un luxe bien mérité »
La génération du baby- boom a bénéficié de l’explosion des méthodes du travail sur soi, découverte du bienfait du travail psychanalytique ou psycho-thérapeutique, et c’est bien lorsqu‘on se retrouve face à soi que l’on en mesure tout l’apport
En somme, elles partagent  l’acceptation de la réalité sans cynisme ni résignation, la capacité d’élucider les conflits intérieurs (à croire Montaigne : » se réserver une arrière boutique toute nôtre, toute franche en laquelle nous établissons notre vraie liberté et notre retraite et solitude »)

Vers un autre type de séduction
Il revient d’être séduisant par son charme, par sa générosité, par son expérience féminine, rassurante, rieuse et une séduction sélective de l’intelligence et de la maturité. On note la différence entre être séduisante et vouloir séduire, un espace libéré par les hommes qui se déploie vers les autres.
De l’ordre de la « brillance phallique » selon les termes de Freud
Cette transformation apporte une nouvelle relation aux autres, et constat est dressé que celles qui ont eu d’autres sources d’épanouissement tel que le travail développent plus facilement de telles capacités
Une des femmes interrogée témoigne : « Mes enfants sont loin, je les ai élevés avec mes valeurs c'est-à-dire l’autonomie, me voici rendue à moi même, je suis heureuse du temps qui m’est donné ».
Après la fin de l’activité- y compris dans les cas où celle-ci n’était pas contrainte- apparait l’attrait de la liberté qui est aussi de laisser aller la vie comme elle veut. A compter de ce moment c’est l’abandon de la volonté , et il se dégage c’est un incroyable sentiment de confiance en soi que de n’avoir pas à prouver à tout instant qu’on a raison ; l’abandon de la volonté de pouvoir est le vrai signe de la confiance intérieure
Les babyboomeuses ont-elles trouvé la clé du bien vieillir ? c’est un but, et on devrait s’y préparer et dans cette optique se transformer tout le temps ; C’est dans les moments de passage qu’on se sent le plus vivant
   en 1950 statistiquement il restait encore 15 ans à vivre
  en 2010, à 65 ans il reste environ 23 ans de vie aux femmes

Et maintenant ?
Que les cinquantenaires soient intéressées par la reconnaissance de ce qu’elles sont : ok, et c’est incontournable car, nécessité démographique oblige (en 2010 elles représentent les deux tiers des séniors)

Alors les auteures de conclure (et je m’engage à leur coté)
Elles vont entrainer une mutation de ce groupe d’âge… et l’image de la maturité en sera modifiée
Elles abordent cela de manière individuelle, parce que sauf entre amies, on ne parle pas de ce sentiment étrange de n’être ni jeune, ni vieille ; et cela constitue une chance pour l’ensemble du corps social… elles veulent encore et toujours laisser une empreinte sur leur génération (elles ne lâcheront pas le « morceau »), tout le monde va y gagner
Elles sont déjà dans le bonheur du nouveau rythme
« Oui je serai une femme magnifique »….alors mes consœurs vous êtes attendues pour une nouvelle révolution.



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