Femmes qui courent avec les loups


FEMMES QUI COURENT AVEC LES LOUPS

De Clarissa Pinkola Estes : histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage

Psychanalyste et conteuse, l’auteure nous propose de retrouver cette part enfouie pleine de vitalité et de générosité, vibrante, donneuse de vie.

A travers de fouilles psycho archéologiques, elle ouvre la route et démontre qu’il ne tient qu’à chacune de retrouver en elle, la femme sauvage.

Chaque femme porte en elle une force naturelle, instinctive, riche de dons créateurs et d’un savoir immémorial.

Cependant la société et la culture ont souvent muselé cette femme, afin de la faire entrer dans le moule réducteur des rôles assignés.

 

Avant propos

« Nous éprouvons toutes un ardent désir, une nostalgie du sauvage. Dans notre cadre culturel, il existe peu d’antidotes autorisés à cette brulante aspiration. On nous a appris à en avoir honte.

Nous avons laissé pousser nos cheveux et nous nous en sommes servies pour dissimuler nos sentiments, cependant l'ombre de la femme sauvage se profile toujours derrière nous, au long des jours et des nuits. Où que nous soyons, indéniablement, l’ombre qui trotte derrière nous marche à quatre pattes ».

 La vie sauvage et la femme sauvage sont toutes deux en danger. Au fil du temps nous avons vu la nature instinctive féminine saccagée, repoussée, envahie de construction surfaite.

Si les loups et les coyotes, les ours et les femmes sauvages ont la même réputation, cela n’a rien d’une coïncidence, car tous correspondent à des archétypes instinctuels proches (Cf. C.G.Jung)

… ces méthodes nous permettent de retrouver les voies de la psyché instinctive naturelle et,  à travers sa personnification dans cet archétype de discerner de quelle manière fonctionne la nature innée de la femme.  La femme moderne est un tourbillon d’activité, on lui demande d’être tout et pour tout le monde.

l'auteure souligne la similitude entre femme et loup tant sur le plan de l’ardeur que sur le plan du labeur. En effet les loups sains et les femmes saines ont des caractéristiques psychiques communes

            .Des sens aiguisés
            .Un esprit ludique
            .Une aptitude extrême au dévouement
            .Relationnels par nature, ils manifestent force, endurance, et curiosité
            .Intuitifs,
            .Très attachés à leur partenaire, leurs petits, leur bande
            .Savent s’adapter à des conditions changeantes
            .Courage et vaillance remarquables


Pourtant les uns et les autres ont été chassés et harcelés, accusés d’être dévorateurs, retors, agressifs, considérés comme inférieurs.

En affirmant leur relation avec la nature sauvage, - sens originel- les femmes reçoivent le don d’une observatrice intérieure permanente, une personne sage, visionnaires, intuitive, un oracle, une inspiratrice, un être qui écoute, crée, réalise, invente, guide, suggère, insuffle une vie vibrante au monde intérieur et au monde extérieur.

Comment la Femme sauvage agit –elle sur les femmes ?

Une femme saine est comme une louve : robuste, pleine comme un œuf, débordante de vitalité, consciente de son territoire, donneuse de vie, inventive, loyale, bougeant bcp.

Avec elle pour alliée nous ne voyons pas le monde avec deux yeux mais avec les milliers d’yeux de l’intuition ; l’intuition nous rend semblable à la nuit constellée d’étoiles.

La nature sauvage a dans son sac à médecine, tout ce qu’il faut pour soigner ; elle a les histoires, les rêves, les mots, les chansons, les signes, les symboles.

S’adjoindre la nature instinctuelle signifie marquer son territoire, trouver sa bande, être bien dans son corps, fière, parler et agir en son nom propre, être en éveil, en alerte, utiliser ces pouvoirs féminins innés que sont l’intuition et le ressenti des choses, intégrer ses propres rythmes, découvrir son appartenance, se montrer digne, conserver une conscience aiguisée.

 
il s'agit de traquer l’intrus en soi, c'est un début d’initiation
à observer à travers les femmes de barbe bleue/ le prédateur naturel de la psyché

Plusieurs êtres en soi ; il est nécessaire de prendre conscience de l’existence de l’entité la plus trompeuse, une force contre nature, qui s’oppose à l’aspect positif,  c.à.d. le prédateur naturel- et la contenir car elle va contre l’harmonie, contre le sauvage. C’est un antagonisme meurtrier qui est né en nous. Potentat prédateur, Barbe Bleue correspond à un complexe de réclusion qui guette toutes les femmes, force innée ? Pas d’origine consciente ; les prédateurs souhaitent avoir supériorité sur les autres et pouvoir ; sorte d’inflation psychologique.

Toutes les créatures doivent apprendre l’existence des prédateurs, la femme qui l’ignore sera incapable d’évoluer au cœur de sa propre forêt sans se faire dévorer. Son propre chasseur intérieur la capture temporairement (jusqu’à la découverte de ce qu’il y a derrière la porte).

Elle émergera, peut être plus sage plus forte et reconnaitra le prédateur de sa psyché quand elle le verra.

En  naissant nous sommes tous des « anlagen «  le potentiel au cœur de la cellule, en allemand : ce qui va devenir », la substance primale, qui nous permet de devenir qqn complet. Les plus jeunes filles feront en sorte d’être au moins une fois en contact avec le prédateur (ignorance totale des aspects meurtriers de la psyché);

« Au fond la barbe n’était pas si bleue que cela »

Les femmes doivent apprendre que ni le monde extérieur, ni le monde intérieur ne sont un lit de roses. … elles choisissent l’homme qui va se révéler destructeur pour elles (impression fallacieuse de liberté, empêchement de prendre le risque de trouver qqn chose qu’on ne veut pas voir, et sont déterminées à le soigner par amour !!!!

Or ce prédateur la dépouille de sa nature intuitive, de l’instinct naturel qui la pousse à la curiosité….,

En cela les louves apprennent à leurs petits à ne pas sortir s’ils ne sont pas prêts, y compris avec forces coup de pattes ; elles leur apprennent à ne pas être « gentil » face à un furet ou serpent

Cet apprentissage nécessite une clé : et savoir fureter, se donner la permission de prendre connaissance des secrets les plus sombres de la psyché

Et c’est la capacité de supporter ce qu’elle voit qui permet à une femme de faire retour à sa nature profonde…. L’auto destruction, l’ anéantissement…. « Qu’est ce qui de moi a été tué ou est en train d’agoniser » ?... composantes  culturelles, familiales

Sur le plan quotidien la femme qui fait des rêves d’homme de cette nature doit restreindre certains liens car si elle est entourée de personnes qui s’opposent à sa vie profonde ou la négligent, son prédateur intérieur s’en nourrit … notamment par des introjections qui les exhortent à se montrer gentilles, à bien se comporter et à ne pas voir qu’elles sont abusées….ceci afin de protéger la vie de l’âme .