Le présent liquide,
article rédigé par Alexandra Jehan
Zygmunt Bauman est un sociologue. Il est né en 1925 à Poznan, en Pologne, de parents juif-polonais.
Après l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes nazies en 1939, la famille Bauman s’installe
dans la zone d’occupation soviétique. Il effectue ses études de sociologie à l’Académie de sciences sociales
de Varsovie, une université communiste. Il est proche de l’idéologie du parti et de la doctrine marxiste, mais au fur et à mesure il devient critique à l’égard du gouvernement communiste. Face à l’augmentation des pressions politiques et après avoir perdu sa chaire à l’Université de Varsovie, il s’exile, dans un premier
temps à Tel-Aviv, pour enseigner à l’université avant d’accepter la chaire de sociologie à l’université de Leeds en 1973. Depuis cette date, il publie tous ses travaux en anglais, lui permettant ainsi d’asseoir sa notoriété. Il est notamment très influent auprès du mouvement altermondialiste depuis les années 1990. Le présent liquide est paru en 2006 aux éditions du Seuil.
A travers son livre l’auteur parle de la disparition progressive de nos institutions sociales.
Ce sujet n’est pas nouveau. Cet ouvrage traite à la fois la question de l’insécurité, du terrorisme, du problème des réfugiés ou encore de l’évolution des villes. Bien que ces sujets aient déjà été traités par de multiples auteurs, Zygmunt Bauman les aborde avec son concept de« société liquide ».
L’auteur utilise deux termes peu communs pour parler de la société, le solide et le liquide.
Il fait ainsi référence aux états de la matière. Selon lui, le « solide » représente les institutions
lorsqu’elles sont stables, leur durée d’existence n’est pas connue, elles sont faites pour
durer. Les individus savent qu’ils peuvent alors compter sur elles. Une société « liquide » représente
des liens sociaux fluides et faibles, il n’y a pas de véritable consistance. Dans ce cas, les institutions ont une durée de vie temporaire. De plus leurs formes et leurs rôles varient. L’auteur dresse le constat selon lequel, les individus ne peuvent plus se servir des institutions comme cadre de référence. L’auteur explique ainsi, que la durée de vie des institutions est plus courte que celle des hommes.
Pour illustrer son propos l’auteur prend l’exemple de la différence grandissante entre
le pouvoir et la politique. Selon lui, le pouvoir est « l’efficacité d’action dont jouissait auparavant
l’État moderne » et la politique est « la faculté d’imposer à l’action une orientation et un
objectif ». Il explique qu’il y a un énorme fossé entre « entre la globalité du pouvoir et le caractère
local de la politique ».
Zygmunt Bauman explique que la modernité « liquide » provoque de multiples peurs,
au sein de la population. En effet le fossé entre la centralité du pouvoir et la prise de décisions
locales est inquiétant. Les individus ressentent une forme d’insécurité. Cette insécurité est très
largement utilisée lors des campagnes politiques et des élections. Le candidat présentant une
meilleure lutte contre l’insécurité est très souvent donné gagnant, les politiques ne sont pas les
seuls à profiter de cette crainte. En effet les publicitaires utilisent également cette peur pour
faire vendre. L’auteur explique que cette peur est très présente dans les pays occidentaux. Il
dit que les individus les plus protégés et les plus en sécurité, sont ceux qui ont le plus peur. La sur- médiatisation des crimes et de l’insécurité provoque d’une certaine façon cette peur. Il dit
que chaque verrou en plus renforce la peur. Ainsi la peur a un très grand pouvoir, elle s’autorenforce.
Les individus cherchent à s’en séparer à tout prix. Selon l’auteur le problème de la
peur de l’insécurité vient de la diminution de prise en charge collective. La baisse du syndicalisme
est un exemple de cette diminution, selon l’auteur. Ainsi les individus sont de plus en
plus amenés à trouver des solutions individuelles et prenant compte de leur personne. La prise
en charge collective des risques individuels diminue. De plus, depuis quelques années cette
peur est renforcée par le terrorisme et les attentats, dont ceux du 11 septembre 2001 à New York.
La prise en charge individuelle est inefficace face aux risques de la société. on voit
donc que l’assurance est, petit à petit remplacée par le thème de la sécurité. Alors que
l’assurance permettait de prévoir les risques pour tenter d’y répondre au moment opportun, la
sécurité lutte, de façon directe, contre les risques, pour tenter de les faire disparaitre. Or selon
l’auteur, cela ne fait qu’augmenter l’insécurité. De façon analogue, dans son livre Défendre la
ville, Thierry Oblet explique que la recherche de sécurité à tout prix, provoque à l’inverse, une
hausse de l’insécurité.
L’une des causes privilégiées de la peur, est sans doute l’étranger. Et cela depuis toujours.
Selon l’auteur cela découle d’une certaine logique puisque la peur est issue de ce que
l’on ne connait pas, de l’inconnu, tel que l’est un étranger. Cette peur de l’étranger ne peut pas
disparaitre, car il y a sur le globe des milliards de personnes, et chacun est l’étranger de quelqu’un
d’autre. De plus cette peur est issue de l’arrivée d’étrangers sur « son territoire », dans
sa ville, dans son quartier. Or les disparités entre les régions s’accroissent, le désir de migration
est donc très présent.
Malgré la globalisation progressive des échanges, c’est sur le plan géographique que
les évolutions sociales majeures sont les plus manifestes. Ainsi l’auteur aborde le destin des
villes, là où la peur se trouve majoritairement. C’est en ville que les effets de la mondialisation
se font le plus ressentir. Selon l’auteur, l’ouverture des pays provoque une « mondialisation
négative ». La suppression des frontières nationales a permis le développement
d’institutions internationales qui contribuent et renforcent le climat de désordre. Les villes
sont au coeur de la mondialisation. De plus lorsque l’auteur aborde le sujet des villes, il explique
que chaque ville comporte une zone plus démunie, sorte de ghetto. Chaque ville est
séparée en différents territoires, comme le quartier des affaires ou les zones résidentielles, qui
communiquent peu les uns avec les autres. Cela renforce la peur de l’étranger car la mixité
sociale est peu présente. La ville est constituée d’un ensemble d’environnement uniforme qui
sont imperméables les uns aux autres.
Pour conclure nous pouvons dire que l’analyse de Zygmunt Bauman est originale. En
effet avec son concept de « société liquide », il aborde notre société d’une nouvelle façon.
Cette façon de voir les choses est considérée par certains auteurs, comme très pessimistes. De
plus nous pouvons dire que, pour réellement comprendre l’analyse de Zygmunt Bauman, il
serait intéressant de lire ses ouvrages précédents tels que La société assiégée parue en 2005 et
Le présente liquide 2008/2009
Culture générale
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