L'incohérence française


Christian Saint Etienne : « L’incohérence française »

Economiste, eurolucide, Christian Saint Etienne est professeur et chroniqueur auprès de différents magazines français et européens .Dans ce livre il se demande pour quelles raisons, les décideurs français sont incapables depuis 30 ans d’élaborer une politique économique cohérente. Et il s’interroge : » savent-ils, jusqu’où, à ce jeu dangereux, ils peuvent aller trop loin ».
 L’auteur débute son ouvrage par ce constat :
La situation économique est difficile, le peuple est maussade, la campagne présidentielle est crispée. C.ST .Etienne nous dit : Je vais expliquer l’origine de nos maux et comment y porter remède.
En effet les problèmes  de la France ne viennent pas de la crise financière,  et la dépense publique n’est pas la solution car elle en est la source.
La société de production pour refonder la prospérité du pays ne peut être que le fruit d’un projet politique partagé. 2012 va briser la France ou constituer le tremplin de son renouveau, c’est  à nous de choisir.
La France est dans une crise des finances publiques comparable à celle de l’ancien régime : la dépense de l’état concentre un tiers du déficit public, niveau comparable à celui où Louis XVI a convoqué les états généraux pour prélever de nouveaux impôts et nous connaissons la suite.
L’UE décrète, et vote –j’espère – une règle d’or mais n’instaure pas un budget de la zone euro, et ne dit mot des minima fiscaux et sociaux de la zone afin qu’ils soient plus justes

Si nous faisons un peu d’histoire (économique)  la crise trouve ses causes dans la politique économique de 1991-93 (les trois mortelles)  et 1997-98
Alors qu’en 1990 la France est forte la Bundesbank fait tout pour que l’union monétaire se fasse à cinq, Mitterrand refuse car il veut faire entrer l’Italie ; alors l’Allemagne accepte selon des critères stricts et de plus on entérine que deux pays forts soient autorisés à ne pas entrer : le Royaume Uni et le Danemarck
Ndlr  un peu plus tard (l’internationale socialiste fait le forcing pour faire entrer la Grèce)
On entérine également que la concurrence fiscale et sociale devienne la règle car toutes les modifications doivent être prises à la majorité absolue : ce faisant impossibles de faire évoluer en raison du droit de veto  d’un quelconque   état membre
Par exemple aujourd’hui  l’Irlande affiche un taux d’IS (impôt sur les sociétés) de 12,5% (ndlr en France 33,3%)
Scoop : en 1991 la Bundesbank doit soit évaluer le Marck pour attirer en Allemagne la production française, soit relever les taux d’intérêt pour réduire la demande interne.
 P. Bérégovoy, ministre des finances puis premier ministre est attaché à la politique du franc fort, et dénonce la réévaluation du Marck. Les Allemands élèvent les taux d’intérêt pour endiguer l’inflation
Les hésitations en France au cours de l’été 1992, avant de donner son accord au traité de Maastricht provoquent une crise violente des changes (le franc est attaqué, il ne reste dans le SME qu’au prix au taux hallucinant (de 7 à 10%) ; en conséquence, les entreprises très endettées sont laminées (perte de un cinquième du tissu industriel).
En 1997 la gauche met en place la semaine des 35h qui grippe la production française sur le long terme en  accréditant les notions de fin du travail et d’illégitimité de compétitivité économique.
La France ne peut se maintient en Europe sans faire le jeu de la compétitivité sociale et fiscale : ( dooble bind)  ou double mâchoire : seul échappatoire : la dépense publique à crédit alimente la consommation (et accroit le déficit de la balance commerciale et notre pays n’est plus que l’ombre de ce qu’il était en 1990-91.
De 1998 à 2005 G. Schröder met en place une politique économique serrée  pour renouer avec la compétitivité, il réduit fortement la dépense publique et réforme le marché du travail.
La dépense publique
En 2001 : Allemagne : 47% et 51 en France
En 2011 Allemagne : 45% et 56 en France (dont 33% pour la protection sociale)
Et là nous avons la tête dans le nœud coulant. Nous avons le coût du travail le plus élevé du monde !!!
La France aurait pu échapper au piège mortel de Maastricht si elle avait mis en place dès 1997 une politique axée sur le retour de la compétitivité et sur l’adaptabilité de son économie : formation, innovation, investissement.
Ce que le monde entier voit, la dépense publique dont la dépense sociale est colossale en France et elle engendre un affaiblissement continu de  ses performances économiques. La France est à la fois un des plus sociaux du monde avec la suède et le Danemark et le pays où le discours public contraire alimente une critique constamment malveillante à l’égard de la société et des dirigeants (sortants)
En pratique  10 % de la population résidente est en voie de paupérisation (et il est nécessaire de les aider à se sortir de là), en revanche 90% vivent dans le pays le plus égalitaire du monde et bénéficient d’une qualité de vie exceptionnelle ; (ce qui constitue un grand facteur d’attractivité pour d’autres populations).
Comment peux-t-on avoir un système de santé accessible à tous (y compris) immigrés, et le système de retraite le plus généreux du monde 14 points de PIB contre 11 dans l’UE et 8 points dans l’OCDE et néanmoins entendre répéter  que la devise « égalité » est un mensonge ? c’est un mystère.
Quel est ce peuple qui se honnit lui-même (et quels sont ces média qui amplifient ndlr) et ces élites qui vomissent leur pays sous des oripeaux politiques ?
Nb : 20% des ménages ayant les revenus les plus élevés paient l’essentiel de l’IR !!!
L’auteur explique que ce honnissement de soi vient d’une fracture profonde, vieille de 2 siècles, car en fait il y a eu deux révolutions françaises :
Celle de 1789 a proclamé les droits de l’homme et aboli les privilèges selon la philosophie libérale des Lumières,
Celle de 1793  a instauré la Terreur, mère de tous les terrorismes et négation de l’état de droit instauré en 1789 : tant ce que cette ambivalence ne sera pas levée les jacqueries seront présentées comme la souveraineté du peuple – et non comme on le constate –comme les excès de quelques uns au service de leurs intérêts propres.
Selon l’auteur  nous sommes avantage des spectateurs critiques que des acteurs responsables (nous affichons une préférence pour la critique déclamante) en lieu et place de l’action patiente.
Ce  pays où la performance est suspecte et la notation évaluée est rejetée
La France  a pour réponse d’augmenter la dette à chaque difficulté : épuisement du modèle de croissance interne tirée par une demande publique à crédit
Il ya bien démarrage d’une autre politique
En 2004 : création des pôles de compétitivité
En 2008 : renforcement du CIR : crédit impôt recherche et de la R&D
En 2009 : réforme de la taxe professionnelle (dont 12MDs d’économie) sur la part CET
en2009 : FSI : fonds stratégique d’investissement pour les fonds propres des entreprises : 20Mds €
et Ces initiatives produiront leurs effets dans les 5 à 10 ans qui viennent
Nous devons donc réduire notre dépense publique de 56% de PIB en 2012 à 48,5% en 2017 : geler en euro constants la dépense de protection sociale et celle des collectivités locales (et donc réduire les subventions versées par l’état et les collectivités).
Il est urgent d’initier une réforme fiscale afin de redonner aux investisseurs, entrepreneurs, chercheurs et créateurs d’idées et qu’ils aient envie de venir en France exercer leur talent.
          Les NBIC
          N : nanotechnologies
          B : Biotechnologies
          I : informations
          C : cognitives
Ces inventions seront facilitées par l’offre et non dans le cadre d’un état hypertrophié ,il s’agit de l’état de la France qui détient le record de la dépense publique au sein de l’OCDE.
Le développement va de pair avec la concentration  des activités , dans la mesure où les rendements d’échelle sont croissants le saupoudrage des ressources est inefficace car il n’a pas la masse critique nécessaire pour être compétitif et productif à l’échelle nationale et internationale.
Il s’agit d’interconnecter ces ressources dans des zones denses à mobilité maximale, qui multiplient les opportunités de contact : la création de richesses naît là, et cela préfigure les métropoles modernes.
Or la densification ne se décrète pas, elle résulte de l’attraction spontanée exercée sur la plupart des humains par les zones où se concentrent les opportunités de contact pour le travail ou les loisirs
L’obsession des acteurs territoriaux doit bien être de donner envie à tous les acteurs de venir s’installer sur leur territoire… naissance des métropoles, et la fiscalité constitue un élément clé de l’attractivité d’un territoire : dépenses utiles et justes sans décourager la prise de risque (attention aux gaspillages et à l’écrasement des investisseurs sous es charges trop lourdes (retenir au piquet avec une ficèle)
1/ rétablir le prima de la production sur la consommation
2/ restaurer les finances publiques (moins de 60% de dette publique en 10 ans)
3/ rétablir la compétitivité éco et fiscale (sur les sociétés, sur le taux marginal de IR, fiscalité de l’épargne et ISF)
4 / élaborer un gouvernement européen et un budget fédéral
Nous devons basculer vers – non pas une politique favorisant mollement une offre productive en n’osant pas parler d’entreprises et d’entrepreneurs, - mais bien vers une production marchande déployées par des entreprises compétitives.

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